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mardi 11 janvier 2011

Hommage à des amies...

CaroH "Dans ma peau"

Parce que nous étions deux femmes ! Crois-tu que nous ne nous sommes pas autorisé l' irréparable ?
Nous avions tout oublié, comme si le temps nous appartenait.
C'était si agréable de danser dans les dunes, chaque minute en communion avec nos deux corps nus, avec nos esprits. Le monde tout entier faisait une pause, il nous tissait un passage étroit comme ceux ou il est difficile de se tenir côte à côte. Et si par mégarde on se touche, on a l'impression qu'il ne reste qu'une seule issue : la pression de nos deux êtres l'un contre l'autre, pour échapper à l' emprise de l'instant.
 Et on se dépêcherait, comme si c'était interdit, comme si, sans cet empressement, nos deux vies resteraient à jamais, ici même, prisonnières, comme deux statues renversées, dans un couloir exigu qui pousse aux péchés.
C'est d'abord ce que je ressentis, ce jour là, quand tu me fixas avec ta mine bravache, de cet air aventureux empreint d'une insouciance qui ne t' appartenait déjà plus, mais que ta gaieté et ta détermination faisaient ressurgir.
Tu es devenue folle.

« Viens, on se met toutes nues, on ne pense plus, on danse, on chante, on court, on s' émerveille comme deux adolescentes qui découvrent la mer !
Sans attendre ma réponse, tu fis glisser ta jupe à tes pieds.

Mais nous ne sommes plus des adolescentes ! rétorquai-je tout en feignant de ne pas remarquer ta précipitation.
Tu n'en as pas envie ? Je suis sûre que si !!
J' étais coincée ! Tu avais le don de deviner tout haut ce que mon inconscient refusait d' admettre, au nom de je ne sais quels principes ancrés, mais que je décidais, cette fois, d'envoyer ad patres à des années-lumière...
J'ai balancé ma robe de flanelle, comme dans les films, lorsque les pins-up font leur numéro. J' espérais que se mêlaient dans mon regard, défiance et volupté !! Après tout, c'est toi qui m' avait incité !
Je devinais à ton large sourire que cela t' amusait de m'avoir convaincue aussi facilement. Nous avons fait tournoyer notre string du bout de notre index, plutôt gauchement, manquant de se les jeter l'une sur l'autre, ce qui nous fit éclater de rire !

Quand nous nous lançâmes à l' assaut de cette mer de sable, notre démarrage fut laborieux, on s' aida de nos mains pour gravir la première butte, la plus abrupte, et enfin, nous pûmes amorcer une descente vertigineuse. Ce fut vite exténuant de courir ainsi, nos pieds s' enfonçaient dans le sable fin et chaud, et chaque pas en valait dix. Nous épuisâmes nos forces, et tu finis par t' écrouler la première.
A bout de souffle, courbée, les coudes pliés sur mes genoux, je relevai la tête et découvris ton corps. C'est à ce moment précis que mon coeur explosa !! De chacun de ses éclats, naissaient de vraies émotions d'amour, une cascade diffuse qui imprégnait ma chair et mon âme, et me laissa sans voie. Suspendu quelques instants, mon esprit reposait dans un encensoir. Il n'y avait plus d' alentour, juste le dessin de tes courbes revêtant l'horizon.
Tu étais magnifique. Comment avais-je pu, jusqu' alors, nier cette évidence ?
Tu ne bougeais plus. Seule ta poitrine exaltée trahissait toute la vie qui t' animait.
J' immortalisais ce moment, sans voix, sans geste, haletante, retenant mon souffle difficilement.
Mon regard devint esclave de ton corps enseveli, île onduleuse que le soleil honorait, refuge de grains de sable, devenus étincelles et pépites hors de l'immensité.
Je réclamais de détacher mes yeux, mais sans l'ombre d'une force.
Ce que je ressentais me semblait surnaturel. Je fut prise d'une angoisse inexpliquée, contradictoire, entre le terrible désir de te dévisager, et celui de me raisonner.
Tu va me voir, me surprendre, et je ne saurai dissimuler ce trouble, mais je reste là, immobile, presque à guetter, avec la peur au ventre mêlée à l' excitation d'être découverte, prise la main dans le sac, comme une enfant qui chercherait à défier sa mère.
Je continuai de rêver, préservant ainsi mes parcelles infantiles.
Les marques de l'été que nous venions de passer caressaient ta peau à des endroits interdits. J' imaginais en réinventer les contours avec une de ces aiguilles de pin qui jonchent le sol des Landes, à portée de ma main. J'aurais forcé des sillons dans ce sable hardi collé à ta peau, et enjolivé les traits de ces empreintes laissées par ton maillot, comme le signe de ta dignité.
Je n' osa m' approcher. J'avais beau brandir la morale, ou vouloir nier, mes joues rosées, témoins involontaires de mes émotions, trahissaient l'expression de mes sentiments.
Quand tes pupilles que l' intense lumière rendait étroites, se posèrent sur moi, j' eu l'impression qu'un regard défiant toutes les lois me traversait, le temps d'un instant, d'un espoir, et pourtant, tu t' esclaffas sous un petit rire plutôt badin et soupçonneux :
« qu'est-ce qui t' arrives, t' as vu la vierge ? » ce qui eu pour effet de me déniaiser sur le champ ! Je repris mes esprits, tentai de rassembler mes forces, et de cacher jusqu'à la fin de la journée l' émoi qui m' avait inondé, et qui ne me laisserait plus jamais la même !
Dans mon petit atelier, un peu plus tard, j' allais éterniser cet instant, craignant qu'il ne m' échappe. Guidé par ma mémoire, mon pinceau effleura ta peau comme mes yeux l' avaient fait. Ma foi, je ne fut pas mécontente du résultat. Je retrouvais ton image et mes souvenirs.
Les mois qui suivirent, je restais parfois des heures à peindre à tes côtés, ce qui, à la maison, donna l'effet d'une patte d' ours dans une ruche !
Alors qu'on s' inquiétait de mon vague à l'âme, plutôt inhabituel, il est vrai, je songeais à notre impertinente escapade, imaginant d'autres scénarios plus audacieux. Avais-tu deviné mes intentions, lorsque tu m' avais si brusquement interpellée ? La fin de la journée avait pris une tournure inhabituelle, plutôt empruntée, mais bizarrement, tu n' étais pas distante.
Quelle avait été ta vie après ce bel été ?
Je m' interrogeais souvent sur cet étrange amour, l' amour interdit de deux femmes....je n' obtiendrais ma réponse que 3 ans plus tard....

6 commentaires:

  1. Mais c'est ma photo, qui apparaît sur ton blog!
    Je suis CaroH.

    beau texte

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  2. Merci, oui en effet, je l'avais écrit pour le proposer à Carole Lussier dont j'ai d'ailleurs ajouter le site dans mes liens...
    Votre peinture est très jolie :-)

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  3. Merci pour le compliment, mais sachez que c,est une Photographie et non une peinture!
    :)
    xx
    CaroH

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  4. Ah bon !!! Je n'aurais vraiment pas pensé ! C'est encore plus beau alors :-)
    (je vous ai envoyé un mail par votre commentaire que j'ai reçu aussi dans ma messagerie, l'avez-vous reçu ?)

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  5. Eh oui, il y a des promenades mémorables, chargées de parfum, d'images et de sensualité, partage complice de moments suspendus... Il est des lâcher-prises que l'on voudrait revivre.. sans doute, celui-ci en était-il un ?

    Il y a, là-dessous des traces judéochrétiennes, relents du coupable péché de chair ("comme si c'était interdit"..."les péchés"..."la morale"..."t'as vu la vierge"..."l'encensoir"...). C'est que derrrière l'église, au bout de la dune, tout est possible !

    Félicitations, vous avez choisi le plaisir, signe de bonne santé ! Et avec tellement de sensualité féminine !

    Amour interdit l'amour de femmes ? L'amour n'a pas de sexe, il n'a qu'un coeur. "Que tout ne soit pas possible ne veut pas dire que rien ne soit permis." Amen.

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    1. C'est rigolo, je reviens voir mon blog aujourd'hui, un peu tard, après quelques années où je n'écrivais plus. Peut-être l'envie pointe de nouveau le bout de son nez, mais bref.
      Votre analyse est intéressante, et concernant les traces judéo-chrétiennes, je suppose que je porte cela d'une mémoire collective familiale. Personnellement, je n'ai pas du tout été élevée ainsi, et ce récit, est en fait une histoire, inventé de toute pièce. J'ai imaginé comment je pourrais ressentir si j'étais une jeune femme pudique et réservée....Merci pour votre commentaire, et bonne année 2014 :)

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